
Qui suis-je? Que suis-je? Au fond, peu importe. La vie n'est pas comme une histoire qu'on bouquine, dont on se délecte chapitre après chapitre. Ce n'est pas le papier qui glisse sous les doigts, les yeux qui balaient du regard la surface fibreuse maculée de caractères noirs sur fond blanc. Il n'y a pas de points après les phrases, pas de virgules. Une histoire c'est une vie raconté, c'est une vie qui n'est plus. Vivre c'est sentir la pluie qui s'abat sur nos joues comme autant de larmes après l'attente d'un happy ending qui ne vient pas. Etre en vie c'est voir son coeur bondir si fort dans la poitrine qu'on en a mal au cotes. La ponctuation n'a rien a faire dans ce genre d'aventures, pas le temps de respirer à la fin de la phrase. Nos histoires s'écrivent à chaque instant, à chaque souffle. Une histoire qui se termine, c'est une vie qui s'éteint. Il y a comme des cailloux dans le ventre et des cascades au fond des yeux. Ce n'est pas une histoire manuscrite et soignée. Il y a des fautes d'orthographe et de conjugaison, des rimes hasardeuses et une mélodie en dents de scie. Mais vivre, c'est ça. C'est l'imperfection qui, de la vie, nous amène à la mort.